Simplement dire « Merci »

Depuis le début de la pandémie, Sarah, comme tant d’autres, a vu sa vie bouleversée. Elle s’est adaptée, a changé sa manière de vivre mais elle recherche autre chose, quelque chose qui lui rendra le sourire, pour elle et ses clients.

Une fois n’est pas coutume, Sarah va prendre du temps pour elle.
Que va t’elle trouver?

gratitude

Il est 8h30, Sarah allume son ordinateur pour se mettre au travail. De son canapé à son bureau, il n’y a que quelques pas. Depuis mars 2020, elle est en télétravail et est peu retournée sur son site. Une vie professionnelle qui a changé et qu’il a fallu réaménager, une vie sociale et personnelle aussi.

Sarah soupire des mails de quelques clients mécontents qu’elle lit envoyés la veille à 22h00, voire après. Elle se demande si certains connaissent la politesse, voire une certaine forme de gratitude envers tout ce qu’elle fait pour eux. Sarah rentre ses épaules, lève les yeux au ciel, enfin vers le plafond et pense à cette pandémie.

Puis, elle s’y met tout simplement. Les minutes passent, se transformant en heures et vient la « pause Déj » ! 12H30

Sarah se déconnecte de sa boîte mail pro… mais garde son PC portable allumé. Elle a envie d’évasion, de reconnaissance, de gratitude, oui voilà, de gratitude. Elle fait la liste de ce qui lui pèse : son sommeil, les clients qu’elle retrouve dans son sommeil, ses épaules et son cou tendu, le manque d’interactions – non virtuelles – avec son entourage proche, pouvoir faire de vraies pauses dans ses journées de travail, se divertir en allant à une exposition, au ciné, au resto…

Elle cherche alors ce qui pourrait lui faire du bien, toujours ce qui revient, ces remerciements. Elle tape « gratitude » sur Google et clique sur un lien indiquant aussi « psychologie positive ».

Sarah lit que la gratitude vient de Martin Seligman, chercheur en psychologie et professeur à l’université qui a élaboré le concept de psychologie positive donnant ainsi une nouvelle orientation à la psychologie. Grâce à des tests et des questionnaires de personnalité, 24 forces de caractère qu’ils vont regrouper en différentes catégories = Sagesse, Courage, Humanité, Justice et Transcendance. Dans cette dernière, se trouve notamment la gratitude. 

Intéressant, mais, j’en fais quoi ensuite ? se dit Sarah

 

Elle pense alors à sa nièce, la plus grande, Émeline, 16 ans, qui lui a offert un calendrier intemporel avec à noter dessus, 3 kiffs par jour. Cela vient de quoi déjà… Ah oui Florence. « Florence 3 kiffs » tapé dans la barre de recherche et le nom de Servan Schreiber apparaît.

Sarah parcourt différentes pages du site Florence Servan Schreiber et se dit à haute voix : 
« Le principe est de noter ce qui nous fait vibrer que cela soit important ou plus indicible. 3 kiffs par jour… cela me semble possible de le noter. Peut-être que cela me ferait du bien. Où ai-je donc mis le calendrier d’Émeline ? »

Sarah pense à sa nièce, en seconde, des cours une semaine sur deux masquée, sans trop de vie sociale. Comment bien vivre en 2021 dans ces conditions quand on a 16 ans, 20 ans ?

Calendrier gratitude

Sarah continue ses recherches. Le nom du psychologue Robert Emmons apparaîtSarah lit à voix haute : « La gratitude est bienfaisante quand elle est exprimée en toute conscience, après être passée par différentes  étapes =  la constatation du bien reçu – matériel (cadeau) ou immatériel (soutien moral, présence), et de son coût (l’effort qu’il a demandé). Elle aide, selon Robert Emmons « une personne à diriger son attention vers les choses heureuses de sa vie et à la détourner de ce qui lui manque ».

Donc, conclut Sarah avoir de la gratitude me permet de me décentrer et d’avoir une plus grande ouverture aux autres. Très bien, mais en ne me remerciant pas, mes clients me montrent justement leur mépris, leur non-reconnaissance. Cela me touche, c’est même blessant.

Sarah continue ses recherches sur la gratitude. Cela semble l’obséder… Elle a envie d’avoir des réponses concrètes.

thé plaisir gratitude

Gratitude et pleine conscience viennent alors. Sarah regarde sur différents sites et en sélectionne. Elle lit attentivement et ferme doucement ses yeux, prête attention à sa respiration pendant quelques instants. Puis, elle prend son thé, posé à côté. Elle a envie de ralentir. Elle hume le thé et en perçoit les différentes subtilités. Elle lève son nez, porte la tasse à sa bouche et doucement, boit le thé. Elle en prend une première gorgée qui reste dans sa bouche puis descend lentement dans sa gorge. Elle en reprend une autre, ferme les yeux et prend juste son temps.

Sarah boit ainsi son thé et prend conscience qu’elle ne l’avait jamais bu ainsi. Elle sourit intérieurement et se sent plus calme du fait d’avoir ralenti. Cela lui donne envie de se mettre à la méditation. Cela l’apaise. Elle ira voir sur YouTube ce qu’il y a…

Sarah met cette intention dans sa to-do list. Puis, elle fouille, farfouille et trouve que la gratitude, selon l’équipe d’Antonio Damasio, se situe dans le cortex pré-frontal médian. Cette région appartient au système de récompense dans le cerveau et est impliquée dans les décisions morales et l’adoption du point de vue des autres. Cela a été découvert grâce à un groupe de volontaires placés dans un appareil d’IRM et ayant entendu des témoignages de survivants de la Shoah, secourus par un tiers (qui leur aurait fourni des vêtements ou de la nourriture).

Intéressant mais en quoi cela peut m’aider dans mon quotidien ? pense toujours Sarah qui sent, vraiment, que la méditation est une piste pour elle.

Elle regarde du côté de la philosophie et apprécie la citation suivante d’André Comte – Sponville : « Remercier c’est donner, rendre grâce c’est partager. Ce plaisir que je te dois, ce n’est pas pour moi seul. Cette joie, c’est la nôtre. »

gratitude et partage

Cela passionne Sarah qui comprend qu’avec la gratitude, il y a une main tendue vers l’autre en retour de son aide ou de son cadeau. Elle comprend mieux encore l’interdépendance entre chaque être humain, même derrière son ordinateur. Elle sait que si elle attend des remerciements, elle peut être actrice, dans un but de partage. Peut-être sentira t’elle moins de frustrations.

Sarah continue ses recherches et vient à lire l’exercice suivant, proposé par Amit Kumar et Nicholas Epley, psychologues de l’université de Chicago :

« Vous pouvez fermer vos yeux quelques instants, pensez à votre vie jusqu’à présent… juste s’interroger sur des personnes qui ont été particulièrement bienveillantes envers vous ou vous ont offert leur soutien à des moments cruciaux, importants. Cela peut être des parents, enseignants, amis, collèges, enfants, thérapeutes, ….

Choisissez une personne à qui vous aimeriez dire depuis longtemps qu’il a changé votre vie de manière positive. Écrivez-lui une lettre en expliquant en détail ce qu’il vous a apporté et si vous osez, envoyez-la. »

Elle apprécie le fait de remercier une personne importante dans sa vie. Elle ferme alors les yeux, semble passer en revue les personnes qui ont compté pour elle. Le sourire de son visage montre qu’elle a trouvé. Puis, elle murmure : « Ça, je le ferai aussi ce soir ».

Sarah regarde furtivement l’horloge de son salon : 14h30 et elle n’a même pas mangé. Elle rit, elle si ponctuelle. Elle s’est offerte une belle pause. Elle va vite se faire réchauffer le plat non terminé de la veille. Pas de balade dehors comme elle le fait. Vite manger et vite s’y remettre.

Sarah a l’impression d’avoir fait l’école buissonnière. Elle regarde dans sa bibliothèque ses livres et sur un livre de citations. Elle a alors une idée = mettre à la fin de certains de ses mails des citations pour ses clients. Oui ! C’est ce qu’elle fera, comme un cadeau, comme petite attention.

Sarah se rassoit, se connecte à sa boite mail, le livre choisi non loin. Elle sourit, pleine de gratitude pour ce moment qu’elle s’est octroyée.

Merci

Article rédigé par Emmanuelle Bottreau, sophrologue et membre de l’association. 

Laisser un commentaire